Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
plus fortes que moi
des désordres désarmés
me guettent
aux rivages trop boueux
la vie me déshabille
nue de pierre
nue de vent
je n’ai que des peaux
viles
fidèles aux marées
une douleur imprenable
une forteresse de mendiants
ni femme
ni fête
des chevaliers aveugles
me cherchent et me noient
mon sexe
une blessure liquide
les terres asséchées
sous le soleil meurtri
insomniaque
la complainte de l’absence
un désir émaillé
une mer bègue
Notre intimité peut à la fois être une force et une douleur.
Lorrie Jean Louis, « Mon sexe est une blessure liquide... », La femme cent couleurs, Mémoire d’encrier, 2020, p.49-50.